Sur fond de tensions entre mairies, Gouvernement et entreprises, la crise financière du Nord est au cœur de l'actualité depuis plusieurs semaines. Retour sur l'essentiel des solutions proposées, et analyse de ce qui pourrait peut-être impacter l'île toute entière dans les prochains jours.
1. Améliorer la gestion financière
Beaucoup d'observateurs et commentateurs félicitent le Maire du Nord pour sa décision de modifier les arrêtés municipaux, et prendre des mesures impopulaires pour redresser les comptes publics :
L'état du déficit hebdomadaires des comptes de la Mairie de Blaine County, avec plus d'un million de dollars de déficit depuis trois semaines consécutives, rend toutefois improbable une sortie de crise par la seule amélioration de la gestion financière via le déplacement de quelques curseurs (la prime CDI et l'aide au logement représentant chacun une perte de moins de 100.000$ par semaine).
Si ces baisses de dépenses et augmentations de recettes vont dans le sens de l'équilibre des comptes, elles doivent donc être complétées par d'autres mesures, ou être modifiées au point de perdre toute popularité et de détruire l'attractivité de la région.
2. Rediriger de l'argent de Los Santos vers Blaine County
Une solution revenant souvent sur le tapis consiste à reverser une partie de l'argent des caisses de la Mairie de Los Santos vers celles de la Mairie de Blaine County, ce transfert pouvant prendre plusieurs formes.
La première piste, la plus évidente, serait de rediriger au moins temporairement les bénéfices du comté de Los Santos. Par exemple, si la Mairie du Sud a 3 millions de recettes pour 2 millions de dépenses, le million de bénéfice serait transféré au Nord. Seul problème : la balance de Los Santos est elle aussi déficitaire depuis plusieurs semaines, et n'est compensée que par l'état d'une trésorerie en bien meilleure forme que celle du Nord.
La seconde piste serait de piocher directement dans la trésorerie du Sud (24 millions, contre 6 pour le Nord). Mais il semble là encore difficile de concevoir que Los Santos creuserait davantage son déficit hebdomadaire, risquant par la même occasion d'accélérer la survenue de difficultés financières qui pourraient placer le comté dans la même situation que Blaine.
3. Rediriger de l'argent du Gouvernement vers Blaine County
Sans doute la solution la plus consensuelle et la plus évidente, puisque la gestion fiscale de l'île fait partie de ses missions premières. Le Gouvernement de San Andreas dispose aujourd'hui d'une trésorerie importante (plus de 35 millions de dollars) et d'une balance bénéficiaire (plus de 1 million sur plusieurs semaines consécutives). Une partie de cet argent pourrait ainsi être destiné à améliorer la situation financière du Nord, soit à travers un décaissement de trésorerie, soit à travers une redirection de la balance bénéficiaire.
Principal frein à cette mesure : l'absence de garantie sur le long terme. Si une assistance ponctuelle au Nord semble largement possible et ne provoquerait vraisemblablement aucune instabilité financière, il est là encore difficile d'imaginer que ce type d'assistance puisse être pérennisé.
Une autre possibilité, séduisant elle aussi une large partie de la population, serait de rediriger les recettes générées par les amendes des services de police (plus de 2 millions de dollars de recettes sur la dernière semaine). Le Gouvernement continuerait ainsi de percevoir les amendes du SASP, Blaine County recevrait les recettes des amendes du BCSO, et Los Santos les recettes du LSPD. La situation financière des deux mairies serait ainsi améliorée, et celle du Gouvernement serait à l'inverse touchée négativement.
Une fois de plus, les solutions impliquant de rediriger des flux financiers créent forcément des gagnants et des perdants. S'ils peuvent être utilisés pour rendre la fiscalité globale plus juste et équitable, difficile d'imaginer que ces mesures seules suffiraient à régler une situation plus profonde.
4. Renforcer le protectionnisme économique entre les comtés
L'une des solutions avancées et faisant couler le plus d'encre concerne le renforcement du protectionnisme. Derrière cette notion se cache en fait une réalité toute simple : les services publics et entreprises du Sud et du Nord collaborent au quotidien de façon quasi-indifférenciée. Mettre un coup de frein à cette collaboration serait une redistribution complète des cartes, et risquerait de mettre à mal l'économie de tout San Andreas.
Dans les services publics, renforcer le protectionnisme reviendrait à limiter ou facturer les déplacements du BCES et du BCSO en dehors du comté. Il deviendrait ainsi possible d'augmenter les recettes générées par ces services publics, ou au contraire de réduire les effectifs de ces services en limitant leur zone d'activité au seul comté de Blaine.
Pour les entreprises privées, cette mesure pourrait viser à taxer les produits importés d'entreprises du Sud, afin de favoriser les entreprises du Nord et générer des recettes additionnelles sur le dos des entreprises du Sud. De même une taxe sur l'export vers le Sud de biens et services produits par les entreprises du Nord pourrait également favoriser le commerce à l'intérieur de Blaine, et générer des recettes. Une taxe à l'embauche pourrait également être mise en place pour les entreprises embauchant des personnes ne résidant pas dans le comté de Blaine.
Enfin, pour les particuliers, différentes mesures pourraient être prises comme taxer les habitants du Sud venant travailler au Nord ou faire payer l'accès et l'utilisation des zones de chasse et de pêche aux habitants du Sud.
Le protectionnisme économique a toutefois un inconvénient majeur : l'espoir d'augmenter légèrement les recettes peut rapidement se transformer en effondrement global de l'économie, en particulier si le Sud répondait à la provocation. Il est donc loin d'être garanti que ces mesures, si elles venaient à être adoptées, permettraient réellement d'améliorer l'état des comptes publics et la situation des habitants de Blaine.
5. Déplacer la frontière entre les deux comtés
Sans doute l'un des sujets qui aura fait le plus de bruit. Le déplacement vers le sud de la frontière permettrait à Blaine County de récupérer les impôts de l'entreprise I-Volt ainsi que quelques logements, qui augmenteraient légèrement les recettes de taxe d'habitation. Cette éventualité n'a en réalité jamais été vraiment mise sur la table, restée au simple stade d'idée lancée parmi d'autres.
Il faut dire que l'idée aura provoqué un tollé dès sa mention à travers un communiqué, l'entreprise I-Volt reprochant à la Mairie de Blaine de l'utiliser comme simple outil d'ajustement financier, puis se voyant à son tour reprocher de ne pas se soucier du sort des habitants du Nord. La Mairie de Blaine expliquera finalement que tout ceci n'était qu'un large malentendu, l'idée n'ayant jamais été sérieusement considérée.
Un éventuel déplacement de frontière génèrerait de toute façon des problématiques similaires : l'augmentation des recettes du Nord se ferait uniquement par l'intermédiaire d'une diminution des recettes du Sud. Là encore, les difficultés financières n'en seraient que déplacées.
Si l'on doit s'en référer à l'Histoire (avec un grand H), la probabilité que Blaine County prenne son indépendance semble assez faible.
D'une part car le rattachement de l'Etat de San Andreas lui-même aux Etats-Unis rend crédible la menace d'une intervention de l'Etat Fédéral, qui chercherait à préserver l'intégrité territoriale et à contrer toute forme d'indépendantisme. Il y a d'ailleurs fort à parier que personne ne sorte vainqueur d'un tel scénario : ni les habitants de Blaine County qui se verront refuser toute demande par l'Etat Fédéral, ni le Gouvernement de San Andreas qui pourrait même devoit affronter devant la justice un tel manquement à sa mission première.
D'autre part car les revendications indépendantistes traduisent souvent des difficultés plus profondes entre la région et l'entité à laquelle elle est rattachée : culture, géographie, histoire, économie, démographie, etc. L'indépendantisme est avant tout une manière pour une population marginalisée d'exprimer son désir d'être entendue, d'exister, et de ne pas être considérée comme inférieure par une autre partie de la population, souvent plus aisée et favorisée par les décisions politiques. Ainsi, les récentes sorties aux velléités indépendantistes sont plus une manière bruyante de se faire entendre qu'un réel projet politique de rendre le Nord indépendant. En cela, c'est une réussite.
Rien n'est toutefois acté. Si les exemples d'autres Etats ou pays ayant connu des situations similaires doivent nous éclairer, c'est sans doute pour nous apprendre que ces situations ne bénéficient à personne, et que les positions indépendantistes peuvent facilement s'ancrer dans les traditions locales, plongeant des régions entières dans un chaos politique sur le long terme.
Les propositions et solutions avancées par les différents partis ne sont en l'état pas satisfaisantes. Ne réglant que partiellement les difficultés rencontrées et déplaçant le problème, elles risquent aussi de dégrader l'économie dans son ensemble, renforcant ou créant des inégalités et des conflits.
Le comté de Blaine, et l'Etat de San Andreas dans son ensemble, doivent donc repenser leur mode de fonctionnement, et le rapport que les citoyens entretiennent avec l'argent. Le choix de taxer davantage d'un côté pour redistribuer de l'autre appartient avant tout au domaine du politique, et n'a de comptable que l'aspect. C'est d'abord un choix de société qui se présente à nous, et dont le "montage financier" demandé par le Gouvernement n'est qu'une traduction numéraire.
Quelle société voulons-nous ? Une société qui permet à une classe en costard de s'enrichir sur le dos des travailleurs ? Une société qui laisse ses enfants sur le bord de la route, sans ressource ? Une société qui entretient la division et les conflits territoriaux ?
L'argent circule d'abord à travers la sueur et l'effort, et fort heureusement, cette ressource ne semble pas être en voie de disparition. Il ne tient qu'à nous de l'utiliser comme bon nous semble, et de faire société autour d'un projet de vie qui permettra, peut-être, aux habitants de Blaine et de Los Santos de se retrouver.