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Tribune de Regie Taylor : Retour sur la Cour de Justice

Suite à la cour de justice du mercredi 27 septembre 2023, j’ai souhaité revenir sur les motivations qui m’ont poussées à rédiger mes avis citoyens, à la manière dont la cour de justice s’est déroulée, et à ce qui nous attend collectivement pour la suite.

Pourquoi ai-je rédigé des avis citoyens ?

J'ai voulu mettre en lumière qu'il est possible d'avoir des avis différents, par rapport à ce que je considère comme étant la bien-pensance actuelle. J'ai voulu, à ma manière, faire prendre conscience à nos concitoyens que des choses ne vont pas, et qu'il est temps pour nous de nous lever et de faire entendre nos voix.

J'ai estimé que la bouillie politico-médiatique qui nous est servie n'était pas digne de notre Etat. J'ai estimé que l'on ne nous proposait rien d'autre que des communiqués d'une platitude sans nom, des pleurnichages à répétition : un tel n'a pas été invité à une réunion, un autre est parti d'une réunion parce que les autres n'étaient pas gentils, un troisième a trouvé une ligne comptable qui n'était pas bonne.
Bref, du « ouin ouin ».

L'histoire de mon dernier avis citoyen

Tout a débuté avec la parution de l'article du Weazel News informant la population de la saisie du Yellow Jack. A sa lecture, je me suis étonné, interrogé et indigné que l'on en arrive à de telles extrémités. C'est pourquoi j'ai voulu rédiger cet avis citoyen.

Les choses se sont enchainées très vite :

Je suis un homme de convictions, qui n'a pas peur de dire ce qu'il pense et qui assume ce qu'il dit.
La suite logique était donc la cour de justice.

Qu'espérais-je en allant devant la cour de justice ?

J'espérais démontrer que la liberté d'expression avait été bafouée.
Que la liberté de la presse n'était qu'illusion,
Que la plus élémentaire de nos libertés individuelles, celle d'opinion, n'était qu'une douce chimère.

Je voulais montrer que rien dans notre code judiciaire ne protège explicitement notre liberté d'expression ni notre liberté d'opinion.
Je voulais aussi montrer que la loi ne nous protégeait pas contre les abus de pouvoir, les abus d'autorité, les vices de procédure.

On m'a demandé pourquoi je n'avais pas moi-même porté plainte contre le Bureau du Procureur. Comment l'aurais-je fait sans avoir confiance dans les lois qui sont censées nous protéger ?

Un autre exemple, si vous n'êtes toujours pas convaincu : trouvez-vous normal que le code des entreprises prévoie qu'une entreprise privée inflige des fautes à leurs employés, pour des délits d'ordre privé qui ne la concernent pas et pour lesquels l'employé a déjà été sanctionné par la justice ?

Parlons également du code de déontologie et du devoir de réserve, dont il a été fait mention pendant la cour de justice : il ne s'appliquerait pas au contenu de nos opinions, mais à leur mode d'expression. Qu'est-ce que ce flou artistique ? Doit-on garder nos opinions pour nous ? Les chuchoter ?

Quand lors du procès, l'avocat du Bureau du Procureur insinue que je fais perdre du temps et de l'argent à la collectivité, ça me met hors de moi.
Y aurait-il une échelle de valeur dans l'exercice de la justice ?
Faut-il rappeler que ce n'est pas moi qui ai porté plainte ?

J'espère aujourd'hui que nos politiques vont prendre conscience des lacunes de nos lois, et faire en sorte qu'elles évoluent pour offrir plus de protections à nos concitoyens.
J'espère que les syndicats vont prendre ces problèmes à bras le corps pour faire évoluer les choses.

Quelle sera la suite ?

Le lendemain de ma condamnation, on m'a fait part d'un possible conflit d'intérêt entre deux protagonistes majeurs du procès. J'ai alors tenté de déposer un recours, mais ce dernier a été purement et simplement rejeté. Encore un exemple flagrant de dysfonctionnement, de trou dans nos codes de loi.

Pour faire suite à ma condamnation, comme vous avez pu le constater, je n'ai pas présenté d'excuses et je n'en présenterai pas. Je ne plierai pas face à ce que je considère comme une injustice. Je suis prêt à en assumer toutes les conséquences.

Maintenant que l'affaire est jugée, je vais reprendre mon bâton de pèlerin et continuer, avec la modeste place qui est la mienne, à être le porte-voix d'une majorité silencieuse.

J'ai reçu de nombreux messages de soutien qui me confortent dans l'idée d'apporter cette voix dissonante à notre île, d'être le poil à gratter de l'élite, du pouvoir, des décideurs.

Plus prosaïquement, mon contrat de travail au sein des services publiques a été rompu suite à cette condamnation. A présent, je suis retourné « casser des cailloux » au BTP et je ne désespère pas qu'une entreprise privée ne fasse fi de mon casier judiciaire. Si une telle entreprise existe, qu'elle n'hésite pas à me contacter au 555-9183.

En conclusion

Si vous aussi, vous estimez qu'il est temps de faire entendre votre voix, votre mécontentement, sachez que vous n'êtes pas seul(e).
Unissons-nous !
Tous ensemble, nous pourrons faire bouger les choses.
N'hésitez pas à me contacter au 555-9183